Les Papous à la rescousse

Heureusement qu’il y a les jeux littéraires des Papous dans la tête pour exercer l’inspiration.

Et heureusement que j’ai quelques archives pour nourrir ce blog quand je n’ai pas le temps de rapprocher la chaise du bureau, stylo en main.

N’empêche. Ecrire nécessite de la persévérance (aïe !), de la discipline (ouille !), c’est-à-dire du temps réservé à cette activité. J’ai pris pas mal de libertés avec mon agenda ces dernières semaines. J’avais besoin de plages horaires vides, sans rendez-vous d’aucune sorte. Je sens le moment venu de le remplir sérieusement, de réserver, en couleurs, des plages horaires pour mes gros cailloux.

Il y a quelques années, je trouvais que les gros cailloux pesaient leur poids et je me disais alors que je préférais la légèreté des pierres pas trop grosses ou du sable. J’ai compris depuis (notamment en cheminant avec Jean-Jacques Crèvecœur) qu’on ne construit pas avec du sable…
Oui mais on peut néanmoins faire de beaux mandalas…
Qui nécessitent un investissement de type gros caillou. Eh oui ! Conclusion : les gros cailloux ne sont pas synonymes de lourdeur, ils représentent les fondations, ce qui compte pour moi, ce qui est essentiel et donc du sable n’est pas forcément du sable. Hein ? Mais si : du sable (en tant que matière) n’est pas forcément du sable (catégorie 3 « ce qui est urgent et non important » dans la typologie de Stephen Covey, Priorité aux priorités). Ah la finesse sémantique ! qui me ramène gentiment sur le chemin du jeu littéraire en plus. L’introduction a assez duré.

Donc, voici ce que j’écrivais (à quelques mots près) en janvier 2013, à partir des dix mots (ici en vert) d’une émission des Papous dans la tête.

Norma avait trouvé un chat. Ou plus exactement, un chat avait trouvé en Norma une humaine à adopter. C’était un chat tigré caramel et chocolat, un jeune matou égaré, maigre comme un clou, le poil crotté comme après avoir barboté dans une flaque de boue. C’est que la vie de chat errant peut être rude.

Norma avait étouffé un cri en apercevant l’animal claudiquer aux alentours de la poubelle. Elle s’était précipitée avec de quoi manger — un morceau de blanc de poulet — pour mieux l’approcher et pouvoir le caresser. Sentant ses côtes sous sa peau, elle s’était exclamée : « Mais quelle crapule a bien pu t’abandonner ! »

Quand on est chat errant, en principe on se méfie des gens, mais celui-ci avait senti chez cette jeune femme-là une bonne âme et il s’était laissé attraper sans difficulté. Il l’avait toutefois regretté le temps du voyage à la clinique vétérinaire. Dans le couloir, ils avaient croisé un horrible petit chien porté par un homme empestant la brillantine. On avait frôlé le carnage… La consultation avait été un calvaire : piqûre, cachet, le matou s’était juré de fuir à la première occasion. Mais chez Norma il restait du poulet pour le remettre de ses émotions. Et la couverture sur le fauteuil était tellement moelleuse ! L’automne était pluvieux, le chat décida de reporter sa fuite. Les soins prodigués par Norma finirent par lui en faire oublier l’idée.

Aux premiers flocons, il s’était habitué à son nouveau nom, Assuérus, qui sonnait assurément mieux que Berlingot, le patronyme de son ancienne vie.