Miron et coquelicots

Ce soir, avait lieu la quatrième opération Nous voulons des coquelicots à La Tour du Pin. Comme le premier vendredi du mois de juillet correspondait au lancement de la fête du Miron, la mairie nous avait octroyé le champ de mars au lieu de la place des halles pour notre rassemblement. Il avait été décidé que nous ne resterions pas excentrés (comme lors du tout premier rassemblement en avril), mais que nous viendrions nous mêler à l’animation du centre-ville.

Pour une fois, j’ai pris mon appareil photo, dans l’idée de jouer la reporter non sans penser au roman de Jérôme Ferrari que j’ai lu dernièrement, A Son Image. Comme quoi, même si je n’ai pas été complètement emballée par cette lecture, l’histoire m’a tout de même marquée.

Quand je suis arrivée sur la place du champ de mars, un peu après dix-huit heures trente, j’ai eu beau scruté alentours, je n’ai vu aucun coquelicot : manifestement, j’étais au mauvais endroit. Quelque peu penaude avec mon insigne « stop pesticides » et mon « sac de reporter » , je suis repartie en direction de l’animation du centre-ville.

Il y avait du monde sur la place des halles. Je me suis demandé si je serais capable de repérer quelqu’un que je connais, quand une voix m’a interpelée. Je n’étais donc point seule ! Ah ! Je me suis sentie soulagée.

Nous étions quatre, comme les mousquetaires de Dumas. J’ai pris quelques photos pour nous. Pour témoigner de notre présence et de notre engagement. Pour immortaliser la rencontre avec le Miron de la Tour que je découvrais pour la première fois. Jusque là, je le connaissais en illustration,

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Rond-point de l’autoroute juillet 2015

et en tant que confiserie, spécialité de la ville depuis 1998 : Le Miron de la Tour a en effet été créé à l’occasion de l’accueil de la Colombie pendant le coupe du monde de football.

Pas facile de réussir un portrait au milieu d’une foule mouvante et de mains qui se lèvent… Heureusement, le Miron était du genre chic chat. Il a joué le jeu assez longtemps pour me permettre de multiplier les prises de vue et les chances d’en obtenir au moins une satisfaisante. Compte-tenu du droit à l’image, je conserve les portraits pour l’usage privé, mais je ne résiste pas à partager au moins une photo : l’arrivée du Miron jovial.

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Entre veille et sommeil

Assise sur la terrasse, je laisse mon esprit divaguer au fil des pensées qui pourraient le traverser. Qui pourraient, oui, mais, elles se font plutôt rares et il serait sans doute plus exact de dire que je laisse mon esprit somnoler.

— A quoi tu penses ?

— A rien

— Impossible ! Ce n’est pas possible de ne penser à rien !

A cet instant précis, je pense pouvoir affirmer que si.

Je suis à l’affût — sans être sur le qui-vive — d’un sujet de chronique, mais, là, franchement, je ne vois rien venir : mes neurones sont englués dans les filets du marchand de sable. Il serait sans doute plus sage que j’aille me coucher, mais comme l’a dit Emil Cioran cité par Fabrice Midal dans ses trois minutes de philosophie du jour : « il faut prendre exemple non sur les sages, mais sur les enfants » . Bon, j’extrapole largement parce qu’il était plus question d’expression d’émotion que de résistance au sommeil et j’en perds le fil de ce que j’avais écrit sur ma page…

Donc, je rechigne à aller me coucher. Il fait encore jour et je me sens bien dehors. Je veux profiter de la douceur de la soirée, encore, malgré l’accumulation de fatigue, de manque de sommeil, parce que c’est tous les soirs que je repousse l’heure de me mettre au lit pour respirer la fraicheur, quelle que soir l’heure à laquelle commence ma journée le lendemain, quitte à faire une sieste ensuite, dans l’après-midi. Ce que j’ai fait aujourd’hui.

Je serais sans doute plus à mon aise dans un hamac qu’assise sur une chaise en fer, ou une marche en béton (j’ai changé de place en cours de route). Je pourrai monter celui qui es rangé quelque part à la cave demain.

L’heure divine entre chien et loup.

Je me demande combien de temps je vais encore pouvoir écrire…

Je me demande si j’ai assez d’énergie pour me mouvoir jusqu’à mon lit…

Je me demande comment décrire mon état… ensommeillé et agréable à la fois, suspendu, moelleux…

Je me demande à quel degré cette description a un pouvoir soporifique…

Je me demande où je vais trouver l’énergie de mettre en ligne ce billet…

Une petite chanson et au lit…

Visite matinale à la clinique vétérinaire

Ce matin, je me suis levée tôt pour aller chez le véto…

J’avais pris rendez-vous d’assez bonne heure, avant la chaleur, pour le rappel des vaccins de Beline. D’habitude, ça ne l’empêche pas de dormir encore, ma petite minette toute noire, quand je me lève. Pourtant, ce matin, elle a été debout avant moi. Elle m’a précédée dans les escaliers, je l’ai vue filer dans le salon puis dehors par la porte-fenêtre entrouverte. J’ai craint qu’elle ne revienne pas à temps pour son rendez-vous… J’ai même pensé que ça allait être foutu, que j’allais devoir appeler la clinique vétérinaire pour reporter le rendez-vous et puis, à neuf heures moins vingt, alors que je me demandais sur les dernières lignes de mes trois pages matinales où elle avait bien pu passer, la voilà qui réapparait ! Ah ! Je lui ai donné de la pâtée, j’ai fermé portes et fenêtres, enfilé un pantacourt et un tee shirt sans manches, suis descendue à la cave chercher le panier de transport ; j’ai retrouvé Beline à l’étage, l’ai attrapée — ainsi que son carnet de vaccination dans une tiroir du bureau au passage —, l’ai installée contre son gré dans le panier et nous voilà parties. Ouf !

A neuf heures cinq, j’étais dans la salle d’attente de la clinique vétérinaire, Beline sur les genoux, recroquevillée au fond de sa boite. Il nous a fallu patienter quelques minutes avant d’être reçues dans la salle de consultation. Celle sur la gauche.

Pensée pour Bob Caramel que j’ai tenu dans mes bras, dans cette même pièce, endormi pour toujours, il y a à peine plus d’un an.

La vétérinaire s’est montrée particulièrement pédagogue à l’attention d’une étudiante en cours de formation. J’ai profité avec grand intérêt de la leçon. J’ai appris que l’iris des chats évolue avec l’âge et qu’on peut savoir que Beline a plus de dix ans en regardant ses yeux. J’ai appris — alors que je croyais que Beline était un petit gabarit — qu’elle avait un poids tout à fait normal pour une chatte avec ses trois kilos cinq. J’ai appris que la vétérinaire utilise une première aiguille pour piquer les flacons de produits et remplir la seringue puis une deuxième plus fine pour piquer l’animal. J’ai appris que Beline avait une belle dentition, mais une gingivite qui se soignerait d’autant mieux que le tartre serait enlevé et j’ai vu la vétérinaire ôter la petite plaque d’un coup d’ongle bien ajusté. J’ai été bluffée.

De retour à la voiture, j’ai promis à Beline qui miaulait dans son panier de transport de la libérer dès l’entrée du lotissement franchie. Je repensais à son premier voyage en voiture le jour où j’étais allée la chercher chez une amie : enfermée dans un carton, la pauvre !

J’ai fini le trajet en le tenant d’une main. Elle a été soulagée de retrouver le sol de la maison. J’ai apprécié de me mettre à table pour petit-déjeuner.

Pendant que la sauge infuse

De retour du péage, j’ai ouvert grand les fenêtres et je me suis fait chauffer de l’eau. Il ne me restait plus qu’à écrire mon billet du jour. Je m’y suis mise après avoir versé l’eau sur les feuilles de sauge, tout en sachant que je n’aurais pas terminé en dix minutes : je trouvais que « pendant que la sauge infuse » sonnait bien comme titre, même si c’était sans lien avec ce qui allait suivre.

Jour de reprise : aujourd’hui, j’ai retrouvé la route du péage. Je prévoyais de partir quelques minutes plus tôt que d’habitude pour rouler sans stress et arriver tranquille. Je m’étais dis : « une heure pour manger et préparer la salade de ce soir, c’est suffisant » . Je n’avais pas prévu le temps de noter une idée de plan pour le contenu de la pastille vidéo que je n’ai pas réussi à aboutir hier.

Je ne suis pas partie aussi tôt que ce que j’avais imaginé, mais l’esprit serein.

Jusqu’à ce que je tombe sur un CO camion qui en doublait un autre sur la portion d’autoroute à deux voies. Bloquée à quatre-vingt-cinq km/h dans une file de voitures, sur des kilomètres, j’ai perdu toute sérénité.

L’automobiliste qui me suivait aussi : il m’a klaxonnée parce que je ne me rabattais pas assez rapidement à son goût sur la voie du milieu, une fois le champ rendu libre, après le passage à trois voies. Je lui ai répondu d’un geste ample du bras qui signifiait que j’étais autant remontée que lui. Nous avons ainsi extériorisé notre méchante humeur par cet échange. Entre automobilistes c’est plus facile, nous sommes à même hauteur. N’empêche, c’est au routier que j’aurais bien voulu adresser ma colère, d’une manière ou d’une autre.

Il va de soi que dans ces conditions, je ne suis pas arrivée plus tôt que d’habitude au péage.

Journal d’été

Ma semaine de congé est derrière moi, c’est parti pour deux mois d’été travaillés, je repartirai à la rentrée. J’aime bien être à contre-courant, même si ce n’est pas toujours facile pour la vie sociale.

Je me suis dit que cette période pourrait être propice à la tenue d’un journal d’été. Je ne sais pas si je le tiendrai tous les jour (ni à quelle heure), je ne sais pas ce que je raconterai. Je sais seulement que j’ai envie de ce cadre pour écrire. La forme s’affinera au fil des billets.

Donc, aujourd’hui, lundi 1e juillet 2019.
J’avais prévu d’enregistrer une vidéo en lien avec la réflexologie plantaire, histoire de me faire connaître et faire exister mon activité. Ça fait un moment que j’y réfléchis. Je vise une série de courtes vidéos, des capsules ou des pastilles — je préfère le terme pastille, même si j’ai entendu parler de capsule pour ce format —, seulement à ce jour, je n’ai pas encore trouvé le bon angle.

Je pensais qu’aborder le thème du stress serait une bonne idée puisque la réflexologie plantaire est antistress. Il m’a fallu un peu de temps pour m’atteler à la tâche — je me demande si c’est en lien avec la nouvelle lune… — mais j’ai fini par rassembler les éléments à ma disposition sur le sujet, élaborer un schéma heuristique touffu. J’ai travaillé avec sérieux. Trop peut-être. Le résultat ne me convient pas. Je le sens pas.

L’exercice m’aura toujours permis d’apprendre que l’anglicisme stress était issu d’un mot de l’ancien français, lui-même issu du latin classique stringere qui veut dire « serrer, resserrer » que je relierais bien, pour ma part à string, sauf qu’il me faudrait un dictionnaire anglais pour le confirmer…

Le ONELINE ETYMOLOGY DICTIONARY donne le vieil anglais streng « ligne, corde, fil, corde d’un arc ou d’une harpe » et le Proto-Germanic *strangiz. Pas de lien avec le latin, bien qu’une corde soit un bon instrument pour serrer…

J’ai aussi imaginé un lien possible, bien qu’un peu tiré par les cheveux, entre stress et tresse, mais l’ancien trece n’a pas plus de lien avec le verbe latin que le string. Il signifie « trois » et non pas « serrer » .

L’amusement lexical a cédé la place à un coup de mou en fin de journée. J’ai repensé à la citation d’Orwell « Être humain signifie essentiellement qu’on ne recherche pas la perfection » donnée par Fabrice Midal dans son nouveau rendez-vous quotidien dans la grille d’été de France Culture : 3 minutes de philosophie pour redevenir humain et puis j’ai retrouvé le sourire en regardant Alexandre le bienheureux.